On appelle misophonie la maladie qui rend insupportables les bruits du corps – Vous savez le tic avec la bouche, le machage ruminant de chewing-gum, la façon grand-père de manger une soupe…
Je ne sais pas comment s’appelle celle qui rend insupportables les bips, bips-bips et autre clics de nos appendices à claviers.
Dans le train ces notifications sonores n’ont de cesse d’assaillir mes sensibles oreilles, remplissant mes cavités auditives jusqu’à envahir des parties de mon cerveau amatrices de cette ressource naturelle devenue rare que l’on appelle silence.
J’ai parfois imité ces bips, répétitivement, à voix haute, mais sans effet notoire sur ma nervosité ni inflexion du cours des bips voisins qui se poursuit à l’envi.
J’ai pensé aux écouteurs mais je refuse d’avoir à m’isoler du monde alors que j’en fais partie.
Je cherche toujours le manipulateur du smartphone émetteur, en vue de lui indiquer ma gêne et lui demander de passer en mode silence comme on dit, mais la majorité des passagers a un smartphone en mains.. Comment le trouver, peut-on se fier à des oreilles agacées?
Le ou les pianoteurs se sont-ils aperçus qu’il y avait un monde d’êtres alentour?
Ont-ils oublié la qualité d’air du silence, l’ont-ils seulement connue?
Je pense à une femme qui servait dans une brasserie où je m’étais arrêtée pour boire un café, la musique était si forte que je n’entendais pas ce qu’elle me disait, je le lui ai dis et elle m’a répondu qu’elle préférait ce bruit fort car sinon elle entendait ce qu’elle disait quand elle parlait!
Oui, dans le silence résonne l’écho du monde, il se peut alors qu’on s’y trouve et qu’on y rencontre l’autre.
Je pense à bip bip et le coyote qui finalement symbolisent la course du temps
Un bip bip qui rythme nos vies pour finir dans le bruit du monitoring , lent , sombre , ce dernier bip qu on entendra plus.
Ce bruit machine qui envahit notre quotidien , est bien le pire des virus .
Alors je chante :
Bip bop A Lula pour conjurer le sort.
A Lula ! Alleluia
Oh oui alors Bebopalulla!!!🤩