Comment se rejoindre quand entre nous presque tout diffère ?
Comment s’entendre quand la télé est si forte?
Comment écouter quand nos représentations en obturent toute possibilité ?
Comment accueillir autrui quand on a peur de ce qui de lui nous est si étranger ?
Comment le prendre dans nos bras quand sa différence génère notre arrogance?
Comment débattre sans cris quand ce que nous entendons nous fait sortir de nos gonds?
Comment ne pas agresser quand on se sent jugé ?
Comment ne pas creuser nos plaies quand nous sommes blessés?
Comment aimer quand on est inquiet?
Comment ne pas juger quand on ne comprend pas qui est l’autre ni ce qu’il fait?
Comment garder un cœur tolérant et confiant face à nos différends ?
Comment faire ce pas sans lequel on ne se prendra plus dans les bras?
Mes beaux-parents ne comprennaient pas ce que c’est qu’être végétarienne et m’en voulaient de ce choix,
les repas étaient pugilats,
ils me demandaient de goûter le jambon dans l’espoir que finalement je le trouve bon et continuaient à me servir du poisson
S’offusquant de chacun de mes refus
ils étaient de plus convaincus que ma santé était altérée.
De mon côté je retenais de moins en moins mes acides répliques au sujet de la malbouffe généralisée sous les plastiques des supermarchés, entre autres.
Ils se trouvent qu’ en vérité ils ne savaient pas quoi cuisiner quand je venais.
Ils ne connaissaient pas d’autre met que ce qu’ils avaient toujours mangé.
Ils prenaient ma peau extra blanche pour un signe de carences,
sans savoir qu’en étant une fille de l’Est ma peau ne serait jamais bronzée, même avec des produits carnés.
C’est alors que ma belle-mère me raconta que pour notre venue, quand elle est allée chez le boucher
elle lui a demandé un steak vegan!
J’appelle cela l’infinie possibilité d’amour en chacun de nous.
Je repars toute sourire et mon coeur a appris.