Le moment où ça dérape

A cause du verglas? Du gonflage des pneus? L’alcool? La fatigue? L’usure?…

Non, je ne crois pas.

Je ne sais pas, à vrai dire, pourquoi ça dérape,

C’est un moment,

Je le vois venir,

Je l’entends,

Tous les ingrédients arrivent, de concert ou successivement.

C’est un moment qui se reproduit, souvent.

Ca commence dans un contexte agréable, les gens sont charmants, il y a du partage. La discussion est engagée,  les gens intelligents au demeurant, divers thèmes abordés, on rit, on pense.

Arrive un moment où il est question des naissances, de ces enfants qui arrivent souvent trop vite. De la contraception, benie, qui a échoué, on avait pourtant tout fait pour ne pas que « ça » arrive…

A ce moment là ça arrive!  Crescendo. Les langues se délient, ça s’emballe -sujet universel oblige-  et ça empire, je reconnais cette graduation, maintes fois vécues, j’en connais les signes annonciateurs, j’hésite à  quitter la table, j’attends toujours trop!

Une tablée entière de parents et grands-parents.

Comme souvent.

Le propos, au départ général, se circonstancie, d’anecdotes en anecdotes et vient le moment où les phrases fusent et me touchent en plein coeur.

Moi qui n’ai pas trouvé le mode d’emploi pour avoir un bébé malgré toutes ces années.

Mais je crois qu’on a tous ou presque tous une expérience de ce moment de bascule quelque soit le sujet, quand d’universel il s’est fait singulier… quand quelquechose contrevient à l’ordre établi, quand ça échappe, quand ça tourne pas rond, quand ça fait mal…

Parfois ça arrive au dessert, au digeo, mais ce soir c’était à l’apéro.