Brin du jour

Quelque chose de Tennessee

C’est un paysage étrange, vaste et plat, une route façon 66 longe une mer-étang jonchée de raffineries, en pleine Camargue.

Je suis au volant de ma voiture, quittant Arles pour Marseille. J’ai un peu le temps.

Le soleil est haut, chaud, éblouissant, éclatant, il baigne tout alentour, donnant à cet après-midi une teneur cinématographique.

Quelques kilomètres après Arles, l’aiguille sur le compteur d’essence m’indique que je ne vais pas pouvoir aller bien loin.

Je peste 40 secondes contre mon manque d’anticipation chronique puis demande à Google maps si une station service va rapidement se trouver sur ma route. La réponse ne se fait pas attendre, il faut prendre la prochaine sortie et se rendre à Intermarché, ce que je fais.

Je ne connais pas ici. A la pompe nous sommes deux. Sur le parking je suis seule. Autour, rien.

Dans le supermarché, des rayonnages sont à terre, des rayons sont vides, pas de musique, lumière faiblarde. Deux caissières me regardent. Je m’adresse à l’hôtesse d’accueil, elle fait signe à un agent de sécurité qui me demande aussitôt de le suivre, il prend cela très au sérieux semble t-il, j’ai l’impression d’avoir volé quelquechose.  C’est après les fruits et légumes qu’il me désigne la porte noire, je me trouve dans un couloir sans lumière, il est derrière moi, je ne vois rien, puis une porte, que je m’apprête à ouvrir lorsque  l’agent de sécurité crie : « Noooon, celle d’à côté, là c’est les hommes ».

Je ris, aux toilettes.

Dans le supermarché que je traverse à la recherche d’une bouteille d’eau, il y a un homme sur un escabeau, je ne sais pas ce qu’il répare. Je dis bonjour il ne répond pas. Existe t-il?

En caisse c’est tout de suite à moi, je suis la seule.

Il est temps de reprendre la route.

Sur ma droite la ligne de crête des raffineries et l’horizon des navires marchands en stationnement.

J’aime quil n’y ait presque personne sauf des camions.

Et des oiseaux.

J’apercois l’indication « la dynamite », où je me trouve.

Sur un rond-point désert surgit soudain au beau milieu de la route un homme courant après une feuille volante, je m’arrête et le regarde la ramasser, amusée.

Il me semble qu’ici cet après -midi là tout peut arriver.

En  traversant le pont de Martigues, je crois rêver de beauté, je comprends pour la première fois que l’on nomme cet endroit Venise provençale.

L’arrivée à Marseille par sa Côte bleue, face à ses docks illuminés, sous ce soleil devenu rasant, a quelque chose de Tennessee.

 

1 Comment

  1. Ça commence comme les envahisseurs
    Puis, nous avons peur dans le thriller des toilettes
    Enfin , nous espérons que l homme poursuivait non pas un papier volant mais sa grille du loto gagnante.

    Brin de Brain

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