Brin du jour

Dur à encaisser

Étrange vision d’un monde que je ne connais pas,

scène futuriste

là, devant moi.

Suis-je en train de rêver?

Sensation oppressante d’inquietante étrangeté.

Je regarde les gens autour de moi, personne ne semble réagir, est-ce qu’à leurs yeux cette scène est habituelle? Rien qui interroge, dérange ou fait flipper?!

C’est peut-être moi qui suis pas dans la bonne époque, une erreur de programmation?

La scène se déroule dans un magasin immense d’une célèbre enseigne de sport bleue et blanche.

Venir pour acheter une corde à sauter et se retrouver paumée au beau milieu des rayons qui semblaient s’allonger à mesure que je marchais

Venir pour acheter une corde à sauter et se retrouver tentée par des articles à des prix si bas qu’on devrait se demander pourquoi…

Puis, chercher les caisses.

Et…

Ah, mais, euh, tiens ça a changé.

Une petite file d’attente de rien du tout, personne devant moi.

Et face à moi, trois lignes de caisses auto-gerées.

Pas de caissière, pas de caissier.

Une personne de l’enseigne bleue et blanche  apparaît enfin dans mon champ de vision, sur ma droite, je sursaute et décroche un large sourire béat – ouf y’a quelqu’un, j’ai dû faire un mauvais rêve! –

Elle me demande:

 » Vous payez comment? »

– euh, bah… ( Dans ma tête j’étais pas encore au moment de payer puisque je ne suis pas encore passée en caisse, j’ai pas pu dire bonjour à quelqu’un, le ou la regarder passer mes articles, l’entendre me demander si j’ai une carte de fidélité, dire non, l’entendre me proposer d’en établir une car c’est rapide et ça offre des avantages et l’entendre annoncer le montant à payer.)

– … en espèces.

La dame a l’air embêtée. Elle me dit que ce mode de paiement va nécessiter l’intervention d’une personne. Elle m’indique qu’il faut attendre et elle fait passer vers les caisses autonomes toutes les personnes payant en carte bancaire.

On se retrouve elle et moi côte à côte, je mentionne ma surprise face à cette absence de caisses avec humains à bord, elle me confirme leur disparition dans l’enseigne bleue et blanche et mentionne le principe qu’elle a retenu: « On ne doit plus s’asseoir ».

Je suis interloquée, gênée, angoissée. Je voudrais revenir en arrière. Pourtant je sais bien que le travail de caissier est difficile, je l’ai connu, et que rester assis plusieurs heures d’affilée et manipuler tous ces objets qui passent est fatigant.. Mais un professionnel debout et itinérant d’un côté et plusieurs caisses immobiles et autonomes de l’autre,

ça me déroute.

Un monsieur a été interpellé par mon interlocutrice,  il me fait signe et désigne une caisse où nous nous rejoignons. Ouf, mon palpitant retrouve son rythme d’un samedi après-midi, ma tête reprend ses marques, je souris. Lui aussi.

Je lui fais part de ma surprise de la situation, il me dit qu’il est content que j’aborde le sujet!  qu’il faut parler pour s’habituer aux nouvelles choses! Et que la vie est ainsi: s’adapter, toujours.

Je lui demande ce qu’il pense lui du fait de devoir rester debout, il répond qu’il préfère et il me dit que contrairement à quand ils étaient assis ils peuvent désormais faire une pause dès qu’ils le souhaitent. Il a l’air content de cela. Je reste dubitative. Il me dit alors qu’il est chargé de « l’humain » dans ce magasin!

Un porte drapeau de l’enseigne bleue et blanche? Un humaniste sportif? Un chercheur qui utilise les consommateurs comme cobayes? Un peu tout ça?

Il me demande si j’ai la carte de fidélité!

Je dis que je l’ai eu, mais que je ne l’ai pas sur moi

Il me propose de chercher avec mon nom et c’est alors qu’il déploie une tablette tactile, comme lui itinérante. Je me crois en 2037. Tout cela à mes yeux demeure étrange. Mais il faut attendre, il n’arrive pas à se connecter et retapera par trois fois mon nom. Le temps passe mais ca ne me dérange pas, je me saisis de cet échange pour reprendre pied dans la realité.

Nous continuons à discuter.

Il scanne mes articles et m’indique le montant, je lui donne de l’argent, il me rend de la monnaie, le ticket et me souhaite une bonne soirée.

 

 

 

1 Comment

  1. C est ce qu on appelle passer à la caisse..de la modernité.
    Tu penses être en 2034 ! Mais en 2034 , ce sera pire certainement.
    Ou comme à mac do tu paiera avant de récupérer tes articles..et me code barre sera un implant au bout de tes doigts

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