Brin du jour

Henry B.

Faire la fine bouche, dit-on, il paraîtrait que ça vient avec l’âge, on dit alors qu’on s’embourgeoise ou encore qu’on apprécie plus et mieux les bonnes choses, une autre façon de le dire est de considérer qu’on devient difficile, pour dire qu’on est casse-burne quand on a des goûts et une capacité de le dire.

Bon, mais mon sujet du jour est le café.

J’ai toujours aimé boire un café, et les années passant j’ai préféré boire un bon café, j’ai cherché les cafés à mon goût et détesté ces cafés de bar, de restaurant ou d’hôtel qui ont un goût horrible et file des crampes d’estomac. Quand je tombe sur l’un d’eux, je m’arrête aussitôt, paie et m’en vais, la tasse encore fumante et une trace de rose à lèvres.

J’ai découvert il n’y a pas si longtemps qu’il y avait en fait en particulier une marque de café qui me faisait cet effet, à chaque tentative, sans exception, c’est Henry blanc, le déplaisant.

Monsieur mon mari, averti, m’avait indiqué qu’il y avait souvent un autocollant en devanture des bars indiquant la marque de café utilisée. Eurêka, je pouvais dés lors le répérer et choisir une autre boisson ou un autre lieu ou rien.

Ce matin, la nuit avait été trop courte, et pour une raison qui m’échappe encore un peu je travaillais, ce matin, au milieu de ma semaine de vacances, oui, je sais, c’est con.

A l’arrivée de mon train en gare de Marseille, une demi-heure se profilait devant moi avant ma séance de travail sur le Vieux Port, j’allais pouvoir déguster un bon café, à l’abri de ce fort vent fatigant.

Je choisis une brasserie où je ne vais jamais, les brasseries sont rares à Marseille, ce n’est pas Paris. Je ne me rends alors pas compte qu’il s’agit de la brasserie de l’OM. Ce n’est vraiment pas Paris. Je m’installe derrière la grande vitre, seule, au calme, au soleil, vue sur le port, dans un fauteuil de velours bleu à accoudoirs, qui tourne. Près du comptoir. J’aime bien les comptoirs, devant et derrière.

Pas d’autocollant suspect, pas de nom sur les tasses au dessus de la machine à café, non, aucun indice d’aucune sorte. Bon signe me dis-je. Ca va aller. Confiante, je commande un café allongé et me réjouis d’avance à l’idée de le boire, 15 mn devant moi, dans un fauteuil qui tourne.

Il arrive. Et avec lui, deux sucres. C’est là, sur eux, qu’apparaissent sous mes yeux mal ouverts mais quand même les lettres H E N R Y  B L A N C, je ferme les yeux, les ré-ouvre, toujours là, les lettres m’annoncent la fin de ma rêverie. Goûter, à peine, grimacer, repousser la tasse fumante, poser une pièce de 2 euros sur la table, voir la trace de rose à lèvres  se lever et.. J’allais partir mais je vais d’abord aux toilettes et me dis qu’à mon retour je vais croiser le serveur qui aura vu ma tasse encore pleine et peut-être alors il  me demandera s’il y a un problème avec le café et je répondrai que c’est cette marque, que je ne l’aime pas, que c’est comme ça, peut-être j’ajouterai, si j’osais, que c’est dommage de ne pas proposer un meilleur café. A mon retour je passe devant lui, le serveur me dit au revoir, sans autre commentaire.  Ma tasse est encore sur la table, pleine. Je sors.

Je passe devant une boulangerie, il me reste 3 minutes, je vois écris Lavazza sur les capsules, ouf, je tente, à emporter, ouf il se boit.

Plus tard je cherche, cette marque de café Henry Blanc, d’où vient-elle? Marseille. Distribuée dans beaucoup de bars, restaurants et hôtels du coin. En effet.  Puis je découvre que monsieur Henry Blanc a créée la brasserie de l’OM sur le Vieux-port! Je ris en pensant à ce que j’ai failli dire à ce serveur.

J’étais dans le temple Henry Blanc et il n’y avait pas d’autocollant.

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