Brin du jour

Mise à nu

On peut assez aisément comparer la cure psychanalytique avec un devêtissement, j’aimerais dire effeuillage mais cela nous mettrait sur une voie qui égare, peut-être. Et deshabillage n’est pas un joli mot pour dire cet exercice délicat, je crois.

Voilà donc celui que nous appelons l’analysant ou l’analysante – autrement nommé patient, mais le psychanalyste n’est pas un docteur – déposer un à un ses vêtements, oripeaux de l’imaginaire qui drapent son Moi, voire le saucissonnent, dans une parole laissée livrée à elle-même et réitérée sur un canapé,  parole en chemin vers sa vérité toute en nudité.

Se découvrir dit-on.

Je vais vous raconter maintenant la scène survenue ce matin dans la vie d’une analysante dont les séances avec son psychanalyste ont lieu à 8h le matin, au domicile de celui-ci.

La voilà dans le jardin devant l’entrée de son cabinet, elle est un peu en avance, elle est organisée et ça a bien roulé. Il fait beau et ça l’enchante. Les volets sont encore fermés, observe t-elle. Elle regarde sa montre, elle est à peine en avance. Il va être temps de sonner.

C’est alors qu’elle voit les volets s’entr’ouvrir actionnés par une main, un avant-bras, un bras, une épaule, un port de tête, un torse… qu’elle reconnaît aussitôt, son psychanalyste.

Mais celui-ci est… nu.

Il l’apercoit dans l’interstice offert par les volets ouverts et se retire aussitôt, avec les volets.

En elle, le rire monte irrésistiblement et sillonne son visage, puis le fou rire la saisit, elle le retient, désireuse de ne pas mettre mal à l’aise son psychanalyste qui ne devrait plus tarder à ouvrir la porte, habillé.

 

 

 

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