Casse-croute dans une petite boulangerie moderne de quartier désuet marseillais.
Trois petites tables carrées, le double de chaises, dans un espace infime au carré qui confine à l’intime avec ses voisins de tables.
A chaque client qui attend son tour dans la file, la porte vitrée à ouverture automatique reste grande ouverte, ce qui me fait froid dans le dos, même si le soleil brille aujourd’hui.
A la table d’à-côté, un monsieur me fait face, de biais donc, il est vêtu d’une tenue de chantier, pull camionneur, pantalon bleu dit de travail, chaussures à vocation de sécurité et plâtre ou poussière blanchissent son visage et ses cheveux courts de quinqua supposé. Il mange un sandwich, semble t-il tranquillement, à renfort d’Oasis avec paille.
Ses yeux sont délicatement rieurs.
Entre un vieillard, pantalon vert chasseur elimé et chapka, aidé d’une canne, il adresse à tous un franc bonjour de sa voix qui porte sans doute moins que jadis.
J’entends le monsieur aux yeux rieurs sourire.
Puis arrive une dame aux cheveux mi-longs colorés de noir sauf sur la raie bien blanche. Elle tient en laisse un caniche bien frisé couleur cannelle. Elle entre, familière, dans la boulangerie, quant le vieux monsieur lui intime l’ordre de rester dehors car on n’a pas le droit d’entrer dans ce type de lieu avec un chien, mais elle est dedans et lui rétorque que la boulangère est d’accord, elles se sont déjà entretenues à ce sujet, pas de problème pour elle d’autant ça ne dure que le temps d’acheter son pain, ce qu’un acquiescement complice de la boulangère confirme.
C’est alors que Monsieur mon voisin aux yeux rieurs glisse l’air de rien: » si on rentre avec un âne, pas sûr qu’elle soit d’accord »!
A partir de là, me prit une irrésistible envie de rire, je regardais la boulangère, la boulangerie, ses vitrines, sa file d’attente et imaginait l’arrivée d’un âne…
Est-ce cela dire une ânerie?
Depuis la naissance de Jésus, et sa présence inopinée à ses côtés, l Ane est moqué sans cesse.
Du bonnet d âne de l écolier, au têtu comme un âne, en passant par l expression arrête de faire l âne, on ne respecte plus ce noble animal .Alors continuer l hallali
en lui interdisant l entree des boulangeries , quelle tristesse.
Lui qui autrefois entrait (comme ) dans un moulin pour amener le grain à moudre et parfois même ,attaché, obligé de le moudre en tournant sur un axe..vraiment ce n est pas lui rendre justice.
Rehabilitons les ânes !
Je suis bien d’accord!