Douceur Éthiopie

Il y a de la douceur dans l’air de cette matinée

Je l’ai goutée dans cette tasse de café d’Ethiopie aux saveurs de fruits d’été

et la temporalité de son procédé dit à  filtration lente ou V60

Je l’ai entendue dans les mots de la dame qui me l’a servi, lassée par l’été trop intensif, elle sourit à cette tranquille journée où elle peut à nouveau travailler comme elle aime, en prenant le temps et en discutant

Je l’ai vue dans la lumière claire de l’eau de la fontaine au pied du grand magnolia, le soleil s’y baignant distinctement

Je l’ai entendue dans le régulier écoulement de l’eau sur sa paroi de pierre circulaire

J’avais sous les yeux la force d’attraction de cette douceur autour de la fontaine au pied du magnolia dans la douce chaleur du soleil de 11h:

Un homme assis, chapeau de paille, journal en mains, lisait religieusement

Un autre en face n’avait de cesse de lever la tête vers le magnolia qui le surplombait, il lisait lui aussi, jusqu’à ce qu’il se lève, fasse un tour de fontaine attentif et en retire une feuille, visiblement satisfait

Une femme en salopette en jean, sécateur à la main, s’approcha soudain du bassin, hémi-tour, attentive à son tour et s’en alla

A présent la fontaine est seule, hormis un pigeon trônant et moi les regardant

Le temps d’écrire cette phrase, je relève la tête, la douceur a encore frappé:

Deux jeunes femmes très tatouées s’y sont installées, smartphones en main, enjouées

Un couple aux allures de vacanciers retraités, elle toute de blanc vêtue hormis les deux élastiques noirs qui retiennent ses deux couettes blondes. Silencieux, ils sourient

Trois pigeons se baignent, tour à tour tête la première puis arrière-train tremoussé, l’un d’eux incline sa tête tendrement.

Sur cette place de la Ciotat, j’ai rencontré ce matin une douceur partagée aux effluves de café filtré lentement et joyeusement.