Avez-vous entendu parler du bateau détourné dans un petit port de Méditerranée?
Je m’en vais vous la raconter.
« Un jour de fin d’été, après la dite rentrée, c’était un lundi, pour être précis,
s’apprêtait à partir la navette maritime qui dessert ( elle aurait pu sentir la fleur d’oranger, mais c’est une autre histoire) reprenons- une petite île (flottante..) verte, au proche large d’un petit port de Méditerranée, disons-le tout de go, c’est à la Ciotat.
A son bord, un petit groupe d’individus qui semblaient bien se connaître,
un peu farfelus apparaissaient-ils de prime babord.
On m’a dit qu’il s’agissait de la sirène,
de Sébastien,
et de leur amie Indiana venue avec Magnum.
Ce jour, ils avaient décidé de dédier leur journée à une embardée en Méditerranée, retraités ou employés ils avaient -comme on dit- posé leur journée.
Ils savaient leur ami, l’homme aux mille et une lumières,
en halte de croisière à Port-Cros, une île d’un département voisin.
Dimanche soir, la veille, il leur avait envoyé des clichés compromettants,
décrivant sa halte de bon temps.
Ils avaient aussitôt chacun eu envie de le rejoindre,
après tout ce n’est pas tous les jours que l’on a un ami en halte de croisière à quelques milles de chez soi.
Ils n’avaient rencontré aucune difficulté pour se décider,
dès le lendemain matin ils seraient tous à quai,
il leur faudrait prendre la mer, mais ils n’avaient pas de bateau.
Ce détail logistique ne les arrêta pas.
Sébastien l’instigateur avait plus d’un tour dans son sac.
Il leur donna rendez-vous le lendemain matin,
devant l’embarcadère de la navette pour l’île verte.
Ils montèrent sans ciller, ils étaient décidés, le vent était favorable.
A bord quelques autres passagers, dont on pouvait imaginer qu’ils étaient quelques derniers vacanciers cherchant à s’oxygéner en Méditerranée. Un monsieur dont les palmes peinaient à rester dans le sac. Un couple de russes échangeant des regards langoureux. Deux copines mal réveillées, chaussures de rando aux pieds. Et enfin une dame qui photographiait tout dès le quai.
Le capitaine avait annoncé le départ, les conditions météo et la possibilité de faire ses besoins à bord.
C’est à l’amorce d’une manœuvre visant à barrer à tribord, à l’approche de l’île Verte, que surgit un trois mâts en bois, imposante ossature, semblant bien décidé à s’interposer.
A son bord, certains reconnurent une navigatrice prénommée Laetitia et un porte-voix.
Ceux-qui la connaissaient furent étonnés, ils la savaient en préparation pour un départ de régate, c’est pourquoi ils n’avaient pas envisagé qu’elle put les emmener.
Sébastien sourit, non surpris…
Elle demanda au capitaine de rebrousser chemin, lui indiquant qu’elle allait l’escorter, le temps qu’il reprit ses esprits,
pour retrouver la bonne direction.
Elle lui expliqua qu’en ce lundi matin, le temps était venu de sortir des sentiers battus; que ça devait être lourd de faire ses allers-retours, qu’il avait peut-être envie lui aussi de rejoindre l’homme aux mille et une lumières et de s’encanailler pour la journée.
Nul ne sait en quoi ces mots convainquirent le capitaine,
ni pourquoi il ne s’obstina pas.
Il changea sa trajectoire,
le trois-mâts repartit comme il était venu,
au point que les passagers avaient cru avoir rêvé.
A l’approche de Port-Cros, la sirène avait sauté, elle ne pouvait résister à ces eaux de toute clarté, accompagnée par le palmiste.
Indiana et Magnum devisaient déjà quant au mojito qu’ils ne tarderaient pas à commander,
Sébastien était en grande discussion avec le capitaine, la dame aux photos et les deux randonneuses. Un projet naissait, pour une prochaine virée.
Les deux russes avaient-ils perçu le changement de destination, il sembla que non.
C’est alors que tous aperçurent sur le quai un homme tout bronzé, vêtu d’une chemise des plus bariolées et tenant un verre de rosé, dont vous aurez deviné l’identité. »